Rimma Gerlovina, D’après Tchekov. Cube bleu portant l’inscription  » Tout doit être beau dans l’homme » et contenant quatre plus petits cubes jaunes : « âme », « vêtement », « pensées » et « visage ». 1951. Centre Pompidou.

L’interview ratée

– Pouvez-vous me résumer les grandes différences entre le cerveau d’un enfant et d’un adulte ?
-Si vous avez trois ans devant vous, oui. Sinon, allez plutôt lire les articles d’Alison Gopnik.

Admettons-le, cette interview d’une grande professeure en neuropsychologie était ratée. Cela nous arrive à tous (mais nous n’en parlons jamais sur LinkedIn). Nous étions un vendredi soir, le dernier avant les congés de décembre. J’étais mal préparée, elle n’avait aucune envie de me faciliter la tâche, et tout le monde avait envie d’être en vacances.

Alors je lui ai fichu la paix et je suis allée lire les articles de Gopnik. Cette grande professeure de psychologie, professeure associée de philosophie à Berkeley, a publié des travaux de pointe en sciences cognitives et en psychologie du développement. Très bien. Mais, surtout (ô merveille), elle maîtrise assez son sujet pour le décliner avec humour. Son Anti-manuel d’éducation est une mine de faits scientifiques au service de la déculpabilisation des parents.

Dans une chronique pour le Wall Street Journal, elle raconte une expérience très intéressante qu’elle a menée avec la jeune chercheuse Emily Liquin (on note au passage l’élégante mise en valeur des post-doctorants).

Des cubes et des huîtres

Elles ont demandé à des enfants et des adultes de jouer à un petit jeu. Le but était d’insérer des cubes dans une machine pour trouver les cubes « gagnants ». En constatant que les cubes à rayures blanches gagnaient et que les cubes à pois blancs perdaient, les adultes ont vite déduit une règle simple: les rayures gagnent, les pois perdent.

C’est bien ça ? Non, perdu.

Quand nous, les adultes, essayons quelque chose de nouveau, comme les huîtres ou l’art abstrait, et que ça se passe mal, nous avons tendance à ne pas réessayer, explique Alison Gopnik. C’est aussi ce qui nous permet de ne plus jamais traverser la route sans regarder. Mais le danger, c’est de ne plus jamais goûter d’huîtres à cause d’un individu avarié, de ne plus mettre les pieds au musée à cause d’une installation tout aussi indigeste, et de passer à côté de moments délicieux.

Les enfants qui ont participé à l’expérience ont continué de mettre des cubes dans la machine, à pois, à rayures, de toutes les couleurs. Juste pour voir ce que ça faisait, quitte à perdre des points au jeu. Et ils ont bien fini par se rendre compte que tous les cubes étaient gagnants, sauf ceux à pois blancs. Alors que 70% des adultes n’ont jamais trouvé la solution.

Tout ça, c’est à cause des huîtres ? Non, c’est à cause de notre cerveau d’adulte. En grandissant, notre cortex préfrontal se développe, nous gagnons en prudence et en efficacité. Alors que les enfants sont des explorateurs naturels.

En 2022, j’aimerais continuer d’explorer. De tenter des interviews intimidantes, même si elles sont ratées. Je vais continuer de mêler joyeusement, dans mon travail, grandes institutions et traductions de romans graphiques, récits corporate et balades en forêt. Je me suis même mise à la menuiserie, à la grande terreur de mon compagnon. C’est pas terrible pour le moment, mais on n’est pas à l’abri d’une réussite.

Je vous souhaite donc, du fond du cœur, de très intéressants ratages en 2022.

Le monde est plein d’évidences que personne n’a jamais l’occasion d’observer.
Sir Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes: Le chien des Baskerville, 1902.

– Tu es sûre que tu es prête à faire la vaisselle ?
– J’en serai ravie. Tant que ça me donne une bonne excuse pour sortir de chez moi.

Avril 2020. Dehors, une pandémie de Covid-19 nous assignait à domicile jusqu’à une date incertaine. Après un bon mois de confinement, j’avais fait le tour de mon appartement et de mon ordinateur. J’avais bouclé tout le boulot en retard. J’avais fini Moby Dick (à la fin, c’est la baleine qui gagne). J’avais lessivé les plafonds (deux fois), refait mon site Internet (il vous plaît ?), et le besoin me démangeait de mettre les pieds dehors et de rétablir des relations humaines ailleurs que sur un écran.

J’ai vu sur Facebook qu’un petit resto de mon quartier avait rouvert ses cuisines pour préparer des petits plats pour les soignants et les personnes, nombreuses dans le XXe arrondissement de Paris, qui n’avaient plus de quoi nourrir leur famille. Au téléphone, Chérif, le patron, m’a raconté leurs premiers efforts pour organiser les équipes de bénévoles, la joyeuse pagaille et la fatigue qui leur tombait dessus. Alors oui, ils avaient besoin de renforts. Notamment à la plonge.

Un jour sur deux, je me suis donc mise à récurer des plats de lasagnes, un masque sur le nez. Autour de nous, Oumou régnait sur une brigade de commis de cuisine chargés de débiter les céleris et d’éplucher les topinambours (vous avez déjà épluché des topinambours ? c’est long). Vincent revenait d’une expédition à Rungis où il avait récupéré des palettes entières de viande et de légumes invendus, faute de restaurants ouverts. Riad notait les commandes des services hospitaliers de toute la ville – soixante repas pour Tenon, quarante pour Maison-Blanche, et on n’oublie pas les brancardiers! Bernez distribuait les aliments qu’on n’avait pas cuisinés à une file, toujours plus longue, d’habitants du quartier. Cyril refaisait une tournée de cafés pour tout le monde. Boris lançait un morceau de Blondie pour motiver les troupes. Chérif s’agitait dans tous les sens, et vidait le fond de la caisse du resto pour acheter des barquettes qui permettraient de livrer des repas chauds aux SDF du quartier.

Mieux qu’une théorie: des êtres humains

Assise à une petite table de bistro, entre les éplucheurs de légumes et les emballeurs de barquettes, Hélène tentait de se concentrer pour rédiger l’appel aux dons qu’on publierait sur les réseaux sociaux. Partout en France, les camarades assignés à domicile nous répétaient qu’ils avaient envie de faire quelque chose, ne serait-ce qu’en donnant un peu d’argent. Torchon à vaisselle à la main, je me suis penchée sur son écran. Comment tu formulerais ça ? m’a demandé Hélène.

Passe-moi le clavier. On ne va surtout pas faire de théorie. On va raconter les cagettes de légumes. Les voisines qui passent nous offrir un euro ou deux oignons. L’épuisement de Valérie et Monica après avoir cuisiné 300 repas. Les sourires des habitants du foyer de travailleurs sans-papiers qui mangent enfin quelque chose de chaud. On va raconter le carrelage qui glisse et les engueulades sur des plats mal étiquetés. La vie, la vraie, la mal rangée. Parce que ça fait un bien fou de la retrouver.

Et maintenant ?

Je n’ai participé à cette aventure-là que pendant trois semaines, mais certains bénévoles donnent de tout leur temps et de toute leur énergie depuis deux mois et demi déjà. Aujourd’hui, le restaurant a réouvert. La seule théorie qui tienne, c’est sans doute celle que Chérif a formulée entre deux livraisons:

« Je ne me serais pas vu fermer le rideau de fer en attendant que ça se passe. Ici, c’est pas seulement un endroit où on mange et où on boit. C’est une communauté de quartier, c’est des gens qui se serrent les coudes. Alors oui, on est fatigués, mais demain à 8h, on sera sur le pont. Il s’est passé quelque chose d’important, ici, pendant ces deux mois. Mine de rien, avec nos barquettes de lasagnes, on fait de la politique. »

Qu’est-ce qu’il s’est passé, au juste ? En théorie économique, on appelle ça trouver sa raison d’être: notre place dans la société, au-delà de ce qui fait rentrer du cash. La raison pour laquelle on se lève le matin, et qui donne du sens à ce qu’on fait au quotidien, pandémie ou non, que le chiffre d’affaires rentre ou non. Et qui reste là même quand le chiffre revient.

Ils sont beaucoup, ces temps-ci, à théoriser, sur « Le monde d’après ». Il y a eu beaucoup de grandes phrases. Mais dans la vie, la vraie, la mal rangée, un monde d’après qui tourne rond sera fait de restos comme le Quartier rouge. Où le modèle économique découle de principes bénéfiques à la société, et en devient d’autant plus solide.

Allez y faire un tour. C’est au 24, rue de Bagnolet, Paris XXe et accessoirement, les accras de poisson sont fabuleux.

Le premier secret est un livre, dit-il. Un très beau livre, richement relié, et s’il ne contient que quelques feuillets blancs, chacune de ces pages vides nous enseigne une admirable leçon. (…) Les pages blanches signifient que rien n’a encore été dit, que rien n’est perdu, que tout reste encore à créer et à accomplir. Elles sont pleines d’espoir. Elles enseignent la confiance dans l’avenir.
J’étais terriblement déçu.
Romain Gary, Les Enchanteurs, 1973

Il ne faut pas se balader sur LinkedIn les jours de ratage. Partout, des réussites, des promotions, des commentaires inspirants. Comme sur tous les autres réseaux sociaux, on y parle rarement du temps perdu, des projets lancés de travers, des compromis de trop.

Ce jour-là, pourtant, après des semaines de travail, j’avais entre les mains ce qui était clairement un chapitre raté. On en parle ? Allez, même pas peur. Un grand patron m’a dit un jour qu’il n’avait jamais autant appris que les jours où il s’était magistralement planté.

Ce chapitre était raté parce qu’il ne sonnait pas juste. Les entretiens avaient pourtant été passionnants. Mais à force de lissage, de censure de phrases qui risquaient de déplaire à l’un ou de ne pas inclure l’autre, on en était arrivé à un récit parfaitement fade. Mon commanditaire, avec sa diplomatie légendaire, avait balancé dans notre échange de mails: « On n’apprend rien là-dedans, et je ne nous reconnais pas. » Et il avait raison.

Bon. On fait quoi, maintenant ? On pourrait tous changer de métier, aller cultiver des plantes aromatiques dans le Finistère ?

Sinon, on recommence.

Parce qu’il fait un peu gris, ces jours-ci, dans le Finistère, et que tous autant qu’on était, on était têtus.

J’ai posé l’enregistreur au milieu de la table, et on a tout repris depuis le début. Qu’est-ce qu’on veut dire, au juste, dans ce livre ? À quoi est-ce qu’on croit fondamentalement ? Quelles sont les expériences fertiles, les foirages fondateurs, qui ont fait de nous ce qu’on est ? Où est-ce qu’on voudrait aller, s’il n’y avait plus aucune contrainte ?

Trois heures plus tard, on y était encore. Ca fait beaucoup à retranscrire, trois heures de discussions sans filtre, mais ça en valait la peine. Les vingt pages qu’on en a tirées étaient passionnantes. Et surtout, parfaitement sincères.

On en a tiré un livre, qui sortira l’année prochaine. On espère tous qu’il vous plaira. Moi, il me plaît, parce qu’on y entend les compétences et les voix de plus de quinze personnes. On les voit faire leur boulot, conseiller avec soin, monter au créneau quand il le faut.

Intéressante coïncidence: pour un autre projet, en parallèle, nous avons théorisé ce qu’on appelle désormais la « raison d’être ». Je crois que ce jour-là, autour de cette table, avec à nos pieds, dans la corbeille, le chapitre raté, on était en train de la mettre en mots.

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Appelez-moi Ismaël.
– Herman Melville, Moby Dick. Page 1.

Aux dernières nouvelles, nous sommes des êtres humains. Et la grande majorité d’entre nous ressent inconsciemment de l’empathie. Cela ne veut pas dire que nous sommes forcément d’une générosité folle, mais qu’une histoire nous intéresse souvent beaucoup plus quand c’est celle d’une personne qu’on connaît (ou qu’on ne va pas tarder à connaître).

Les cas particuliers nous intéressent plus que le général, et ce qui est proche de nous beaucoup plus que ce qui est loin. C’est ce que les journalistes appellent un « sujet concernant ». C’est sans doute Pierre Desproges qui explique cela le mieux:

Le jour du récent tremblement de terre de Mexico, le gamin de mon charcutier s’est coupé un auriculaire en jouant avec la machine à jambon. Quand cet estimable commerçant évoque aujourd’hui cette date, que croyez-vous qu’il lui en reste ? Était-ce le jour de la mort de milliers de gens inconnus ? Ou bien était-ce le jour du petit doigt ?
– Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, Points Seuil, 1986

On s’identifie beaucoup plus aux préoccupations et aux problèmes d’un autre être humain – surtout d’un être humain proche de nous – qu’à un concept abstrait. Pour intéresser notre lecteur à une histoire, rien de tel que de lui présenter quelqu’un, puis de l’accompagner dans ses découvertes et ses préoccupations.

Un rapport théorique, sur l’environnement par exemple, peut sembler très froid et très désincarné, à mille lieues de nos préoccupations habituelles. Pour lui donner de la vie, du corps, il faut que des individus entrent en scène. C’est une technique bien connue des journalistes, qui démarrent souvent leurs grands articles en vous présentant quelqu’un. Par exemple, au lieu de parler des éoliennes en général, on vous présente quelqu’un qui s’est lancé dans l’aventure. Et tout à coup, ces grandes bringues de ferraille que sont les éoliennes vous semblent nettement plus intéressantes.

Patrick S. vit dans une longère isolée à Plélan-le-Grand, en Ille-et-Vilaine. (…) L’ingénieur de 53 ans montre d’un coup de menton sa contribution : six éoliennes dressées sur la colline en face.
– Benjamin Keltz, « Transition écologique : en Bretagne, les éoliennes
citoyennes de Plélan-le-Grand », Le Monde, 7 février 2019

Le point de vue de quelqu’un (ou le vôtre)

Vous avez envie d’essayer ? Prenez l’idée abstraite sur laquelle vous travaillez en ce moment, que ce soit l’engagement des salariés, la pêche à la baleine ou le transport de marchandises. Zoomez sur une personne, une seule, et racontez l’histoire de son propre point de vue. Apprenez-nous son âge, son métier, son apparence et ses passions, puis racontez comment elle vit le sujet dont nous parlons, comment elle travaille dessus ou en subit les conséquences. Je vous parie que l’histoire, ainsi incarnée, deviendra beaucoup plus intéressante.


À vous de jouer

Une œuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix.
– Marcel Proust, qui n’était pourtant pas le dernier pour théoriser pendant des pages.

– Chez nous, on ne plaisantait pas avec la sécurité.
– D’accord, mais concrètement, vous faisiez comment ?
– Par exemple, on organisait des opérations commandos pour tester la sécurité incendie. Vous auriez dû voir la tête des gérants…

Comparez les deux phrases en gras ci-dessus.

La première phrase dit une généralité. On est très sérieux avec la sécurité, ça c’est sûr. La sécurité, tout le monde est pour. Mais on ne dit pas grand-chose d’intéressant. En somme, c’est de la théorie.

La deuxième phrase commence à raconter une histoire. Le lecteur se fait tout de suite une image des valeurs de l’entreprise, et il a envie de connaître la suite. La théorie suivra ensuite, mais seulement une fois que le lecteur aura compris pourquoi c’est intéressant. Et il imagine tout de suite la tête des gérants.

Pour que le lecteur comprenne l’intérêt d’une théorie, rien de tel que de le mettre en situation. Quand on maîtrise très bien un sujet, on peut être tenté de trouver tout cela évident, de faire des allusions abstraites. Mais si votre lecteur ne connaît rien à votre sujet, il doit d’abord avoir une image en tête.

Mettez du concret

Ceux que j’ai déjà interviewé le savent: je passe mon temps à leur demander « et concrètement ? »

C’est quoi, le flex office ?

Quand vous dites que le bruit sous-marin est dangereux pour les animaux, quel est le problème au juste ?

Pourquoi cette innovation va changer les choses, exactement ?

Comment vous avez monté votre équipe de hockey ?

Quand vous répondez à de telles questions, vous commencez à raconter une histoire.

VV Nincic, "Busy Kitchen" Flickr CreativeCommons

En ce moment, je suis en train de lire un roman québécois intitulé Le Plongeur. C’est de la fiction bien sûr, mais une fiction qui nous en apprend beaucoup plus sur les conditions de travail dans les restaurants que tous les rapports techniques du monde. Le récit de Stéphane Larue est plein de vie, de ressenti. D’odeurs et de sons. On est dedans avec lui.

Dans la cage d’escalier résonnaient déjà les bruits du premier service. C’est une rumeur que j’apprendrais à décoder vite. Portes de four et de frigo qui se referment avec un choc sourd. Ustensiles et porcelaine galvanisée qui s’entrechoquent dans les bacs à vaisselle sale. Ventres de poêlons qui raclent la fonte des fronds du four. Cuisiniers qui se gueulent des temps de cuisson, qui coordonnent les plats chauds et les plats froids.
– Stéphane Larue, Le Plongeur, le Quartanier, 2019.

Qui ? Quand ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ?

Vous voulez essayer ? Allez-y. Prenez le sujet qui vous préoccupe actuellement, et rendez-le concret en incluant dans votre histoire les fameux cinq « Q » des journalistes:

  • Qui ? Qui sont les personnes concernées ? Quel est leur métier, leur apparence physique, qu’est-ce qui les passionne ?
  • Quand ? A quel moment de l’année sommes-nous, quel est le contexte ?
  • Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Quel est le problème ? Même si cela vous semble évident, reprenez depuis le début.
  • Comment ? Racontez comment la situation se déroule. Décrivez les objets utilisés, les méthodes, les techniques, et pourquoi pas les odeurs et les sons.
  • Pourquoi ? C’est ici qu’on retrouve la théorie. Maintenant qu’on a décrit la situation, on a envie d’en comprendre les raisons.

À vous de jouer

– J’en ai marre, trois fois que je recommence, ma phrase est incompréhensible!

Je relève le nez de mon ordinateur. A côté de moi, ma collègue Rebecca, brillante statisticienne, s’acharne à rédiger un petit texte pour expliquer ses données sur l’environnement.

– Qu’est-ce que tu essaies d’écrire ?
– Je veux expliquer le découplage.
– C’est quoi, le découplage ?
– Tu sais très bien ce que c’est.
– Non, j’ai oublié.

Rebecca sait que je sais très bien. Mais elle joue le jeu de bonne grâce. Alors, elle réexplique:

– Regarde la courbe des émissions de gaz à effet de serre dans le temps. Parfois ça augmente, parfois ça baisse, en fonction des politiques mises en place. Mais ce qui nous intéresse le plus, c’est de voir si elle colle à la croissance économique ou si elle s’en détache… Si elle est « couplée » au développement économique ou pas.

Et voilà.
– Quoi ?
– Voilà ce que tu vas écrire.

Quand on parle à quelqu’un, on s’exprime souvent beaucoup plus clairement que par écrit.

Pourquoi ? Sans doute parce qu’on va moins vite qu’à l’écrit. On cherche à se faire comprendre au lieu de faire du style. On avance une idée à la fois, au lieu de mettre quatre idées différentes dans la même phrase.

Regardez les phrases de Rebecca, au-dessus: il n’y a aucun jargon. Elle emploie une phrase par idée (ça, on en reparlera…). En somme, elle s’est bien adaptée à la personne en face d’elle.

Si vous avez du mal à expliquer votre propos, munissez-vous d’un collègue ou d’un ami. À défaut, d’une plante verte.

Expliquez-lui en parlant normalement. Et notez ce que vous venez de dire.

Oui, je sais, c’est magique.

Pour une raison que j’ignore (et que les psychanalystes s’acharnent à expliquer depuis un siècle), il se passe quelque chose quand on parle. Les idées se mettent en ordre, on utilise moins de mots compliqués. Et on est obligés d’être concret, ce qui est le secret suivant.

– Voulez-vous dire que vous croyez pouvoir trouver la réponse ? dit le Lièvre.
– Précisément, répondit Alice.
– Alors vous devriez dire ce que vous voulez dire, continua le Lièvre.
– C’est ce que je fais, répliqua vivement Alice. Du moins — je veux dire ce que je dis; c’est la même chose, n’est-ce pas ?
– Ce n’est pas du tout la même chose, dit le Chapelier.

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles, 1865


Essayez, et racontez-moi.