
Appelez-moi Ismaël.
– Herman Melville, Moby Dick. Page 1.
Aux dernières nouvelles, nous sommes des êtres humains. Et la grande majorité d’entre nous ressent inconsciemment de l’empathie. Cela ne veut pas dire que nous sommes forcément d’une générosité folle, mais qu’une histoire nous intéresse souvent beaucoup plus quand c’est celle d’une personne qu’on connaît (ou qu’on ne va pas tarder à connaître).
Les cas particuliers nous intéressent plus que le général, et ce qui est proche de nous beaucoup plus que ce qui est loin. C’est ce que les journalistes appellent un « sujet concernant ». C’est sans doute Pierre Desproges qui explique cela le mieux:
Le jour du récent tremblement de terre de Mexico, le gamin de mon charcutier s’est coupé un auriculaire en jouant avec la machine à jambon. Quand cet estimable commerçant évoque aujourd’hui cette date, que croyez-vous qu’il lui en reste ? Était-ce le jour de la mort de milliers de gens inconnus ? Ou bien était-ce le jour du petit doigt ?
– Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, Points Seuil, 1986
On s’identifie beaucoup plus aux préoccupations et aux problèmes d’un autre être humain – surtout d’un être humain proche de nous – qu’à un concept abstrait. Pour intéresser notre lecteur à une histoire, rien de tel que de lui présenter quelqu’un, puis de l’accompagner dans ses découvertes et ses préoccupations.
Un rapport théorique, sur l’environnement par exemple, peut sembler très froid et très désincarné, à mille lieues de nos préoccupations habituelles. Pour lui donner de la vie, du corps, il faut que des individus entrent en scène. C’est une technique bien connue des journalistes, qui démarrent souvent leurs grands articles en vous présentant quelqu’un. Par exemple, au lieu de parler des éoliennes en général, on vous présente quelqu’un qui s’est lancé dans l’aventure. Et tout à coup, ces grandes bringues de ferraille que sont les éoliennes vous semblent nettement plus intéressantes.
Patrick S. vit dans une longère isolée à Plélan-le-Grand, en Ille-et-Vilaine. (…) L’ingénieur de 53 ans montre d’un coup de menton sa contribution : six éoliennes dressées sur la colline en face.
– Benjamin Keltz, « Transition écologique : en Bretagne, les éoliennes
citoyennes de Plélan-le-Grand », Le Monde, 7 février 2019
Le point de vue de quelqu’un (ou le vôtre)
Vous avez envie d’essayer ? Prenez l’idée abstraite sur laquelle vous travaillez en ce moment, que ce soit l’engagement des salariés, la pêche à la baleine ou le transport de marchandises. Zoomez sur une personne, une seule, et racontez l’histoire de son propre point de vue. Apprenez-nous son âge, son métier, son apparence et ses passions, puis racontez comment elle vit le sujet dont nous parlons, comment elle travaille dessus ou en subit les conséquences. Je vous parie que l’histoire, ainsi incarnée, deviendra beaucoup plus intéressante.
À vous de jouer
- Si vous avez envie de vous entraîner, c’est le moment de vous inscrire en atelier.
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